Fluff – Bienvenue à Kadath

+++0.542.658.M39, quelque part aux confins de la Galaxie dans un obscur Sous-Secteur +++

« Mesdames et messieurs, permettez-moi de vous présenter la station de forage sous-marine de Kadath, » annonce David.

Venère jete un œil par le hublot afin d’observer l’immense amas de tôles et de pierres qui s’étend devant lui sous une épaisse couverture de lueurs éthérées. Il s’est toujours demandé
ce que cela ferait d’approcher un Space Hulk, ces imposants vaisseaux dérivant au grès des courants Warp dont on lui avait sans cesse rabattu les oreilles lorsqu’il n’était encore qu’une petite frappe travaillant pour une sous-maison Orlock, mais il n’aurait jamais pensé que cela puisse semble si surréaliste.

« Allons-y lentement, David, intervient le capitaine, Samuel Smith. Pas besoin de se presser.

– À vos ordres, capitaine, » répond David.

Samuel tapote l’épaule de David, puis tente de nouveau d’établir le contact avec la base installée quelques mois plus tôt sur une des plateformes externes du Calamité. Vernère avait entendu dire que la simple installation d’un point d’ancrage avait pris plus de 4 semaines. S’arrimer à un Space Hulk aussi immense que le Calamité était toujours une opération des plus périlleuse. Stabiliser une base et installer un pont d’arrimage permettant ensuite de faciliter le pillage de la ruine était la première étape que tout mineur d’épaves se devait de réaliser avant de plonger dans les entrailles du monstre. Les dangers étaient nombreux (Courants Warp, collision d’astéroïdes percutant la coque du Hulk, parties entières du vaisseau qui se décrochent, gaz délétères s’échappant de conduites rongées par la corrosion du vide spatial, créatures xénos ayant établis leur colonies dans les coursives abandonnées depuis des siècles…) Mais les récompenses qui pouvaient être obtenus en participant à une telle entreprise étaient colossales.

Au fait, pourquoi l’avoir appelé le Calamité, se demande Vernère. Mais cette pensée s’évapore immédiatement lorsqu’il repense à l’avance que le recruteur de Leng Inc. lui a versé au moment de la signature de son contrat. Il allait vraiment devenir riche et quitter cette misérable vie de ruchier des bas-fonds. Deux mois à forer les tréfonds de ce Calamité et il serait de retour sur Necromunda, les poches débordantes de crédits impériaux.

« Station de Kadath, ici le Révélation, de la corporation Leng, paré pour amarrage au dock un. À vous. »

Il ne reçoit pas d’autre réponse que des grésillements. Sentant une présence sur sa droite, Vernère se tourne vers Randi Carter, qui observe elle aussi le complexe colossal, penchée vers l’ex-voleur pour mieux y voir.

« Cet endroit a quelque chose… d’inquiétant, vous ne trouvez pas ? demande-t-elle sans parvenir à réprimer un frisson.

– Je ne vous le fais pas dire, répond Vernère avec un petit rire. C’est quoi déjà votre spécialité ?

« Xenobiologie trans-molléculaire, répond la charmante Randy. Et, vous, je crois que vous, et votre équipe, êtes là pour me servir de garde du corps et d’homme à tous faire, n’est-ce pas ?

Le jeu de séduction entre Vernère et Randy est arrêté par le capitaine de la navette.

– Station de Kadath, ici le Révélation, paré pour amarrage au dock un, répète Samuel. Veuillez répondre, à vous. »

De nouveau, la radio grésille. Mais cette fois, une voix à peine audible parvient difficilement à se faire entendre, et le capitaine écarquille les yeux de surprise : « Ça recommence, Samuel ! »

Une violente secousse manque de faire tomber Vernère et Randi par terre.

« Veuillez tous vous asseoir ! ordonne David. Nous traversons une zone de turbulences inattendue ! C’est assez courant dans les environs d’un Space Hulk de cette taille, pas d’inquiétude…»

Vernère aide Randi à se rasseoir et les deux attachent leur harnais de sécurité alors que la navette de transbordement grince et gémit tout autour d’eux.

« Qu’est-ce que ça dit, David ? aboie Samuel.

– Je… je ne sais pas encore, monsieur, » répond le pilote.

La navette de transport recommence à trembler alors que les alarmes se mettent à retentir. La coque grogne, puis émet un bruit de métal qui se déchire.

« Les instruments sont comme fous, poursuit David. À les en croire, c’est comme si… quelque chose était en train de nous écraser comme une coquille de noix. »

Fronçant les sourcils, Samuel enfile un casque pour mieux entendre ce qui se passe à l’extérieur.

« Mais qu’est-ce que… commence-t-il, avant de pousser une exclamation de surprise. Amarrez-nous, David ! Vite, ou on va y rester ! Il y a… quelque chose sur la carlingue ! »

La coque de la navette recommence à hurler. Levant les yeux, Vernère la voit se déformer au-dessus de sa tête. David pousse alors les commandes de propulsion au maximum et le Révélation accélère brusquement. Un concert de cris retentit à l’intérieur de l’habitacle et une autre déchirure se crée alors dans le plafond de la cabine.

On va tous mourir ici, bordel ! pense alors Vernère.

La navette percute violemment le dock d’amarrage et se met à tourner sur elle-même tandis que sa structure agonise en hurlant sous l’effet des forces qui la broient. Soudain, sa tête heurte quelque chose, et tout devient noir…

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